Menu
Libération

Typomaniacs à l'âge du Mac

Article réservé aux abonnés
publié le 14 mars 1995 à 2h09

Dans le temps, pour faire de la typographie, il fallait être

typographe. Logique. Aujourd'hui, il faut posséder un ordinateur. La démocratisation du matériel informatique de PAO et l'apparition de nouveaux logiciels de typographie ont ouvert une porte dans l'univers clos du graphisme. Des adolescents s'improvisent maquettistes, le déchiquetage des polices de caractères classiques fait rage dans les fanzines, le délire de lettres alambiquées et avant-gardistes frise l'illisibilité. Les nouvelles typos sont «design» et parfois même expérimentales. Les maquettes abandonnent tous les repères installés depuis Gutenberg. Repris par la publicité, les journaux grand public et la télévision, les tics de l'explosion typographique sont palpables au quotidien.

Autodidactes On découvre en ce moment de jeunes autodidactes, parfois talentueux, qui n'ont d'autre culture visuelle que celle de leur Mac ou de leur PC. Les nouvelles techniques permettent de reconstruire et de réadapter des typos vieilles de plusieurs siècles comme Bodoni ou Times. N'importe qui peut les superposer pour obtenir des effets visuels nouveaux. Les logiciels de création de polices de caractères sont simples et faciles d'accès, pas trop chers de surcroît. Ils permettent même de faire une typographie à partir de sa propre écriture. Le procédé est populaire et sert beaucoup aux institutrices qui s'en servent pour habituer leurs élèves à une seule et même écriture dans tous les documents pédagogiques qu'elles distribuent.