A l'heure où Edouard Balladur serrait des mains au Salon du livre, il fallait impérativement se positionner au Cirque d'hiver, envahi par Thierry Mugler pour ses vingt ans de boutique. Cent vingt modèles, sept millions de francs catapultés en une heure et le panel définitif de la top model, de 16 à 77 ans. Qu'on en juge: Claudia, Nadia, Shalom, Chrystèle à peine torpillées par les présences miraculeuses de Patti Hearst et Rossi De Palma, elle-mêmes lourdement dégagées par les apparitions déiques de Jerry Hall et de la sexagénaire Tippi Hedren.
Autant l'affirmer tout de suite, il est préférable d'assumer sa quarantaine pour prétendre au titre redouté de femme Mugler. Ses tailleurs acérés comme des dagues florentines, ses fourreaux dont la dame est l'épée, ses justaucorps effilés exigent une maturité et une expérience acquises au prix d'années de discipline, de domination. Ces Cléopâtre et ces Lucrèce Borgia tranchent naturellement avec la liane, le mannequin efflanquée qui constitue le lot commun du casting prêt-à-porter. Dans sa profusion, le show wagnérien de Thierry Mugler a forcément ses petits coups de moins bien. Le sexy douteux d'un carnaval de Rio mené par une sous Joan Collins en direct de Miami-sur-Vice, ses nègres vénitiens porteurs de flambeau affolés de leur corps, la robe à orifice fessier qui met les Liaisons dangereuses au niveau de Mylène Farmer rappellent que l'inventivité a aussi ses ladreries.
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