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Interview

Arnold Munnich «La génétique nous confronte au mythe de l'enfant parfait»

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publié le 20 mars 1995 à 1h59

ARNOLD MUNNICH, généticien

«La génétique nous confronte au mythe de l'enfant parfait»

AU COLLOQUE organisé pour le dixième anniversaire de la revue Médecine Sciences, les chercheurs se sont inquiétés des espoirs prématurés que suscitent la découverte incessante de nouveaux gènes et les essais, encore infructueux, de thérapie génique. Le professeur Arnold Munnich, chef du service de génétique médicale à l'hôpital des Enfants malades, à Paris, s'interroge pour sa part sur les questions éthiques que soulève l'identification d'un nombre croissant de gènes et de maladies génétiques. Tout en soulignant qu'on est actuellement capable de guérir un tout petit nombre de maladies génétiques. - La consultation de génétique que vous dirigez à l'hôpital des Enfants malades accueille chaque année 5.000 familles. Pour les médecins, le conseil génétique est aussi une source de problèmes éthiques. Pourquoi?

Les premiers gènes découverts ont été les gènes impliqués dans les maladies génétiques les plus fréquentes et les plus graves, la myopathie, la mucoviscidose, l'amyotrophie spinale. Mais on est aussi capable de détecter les gènes de maladies moins redoutables. Il ne s'agit pas d'établir une «hiérarchie» du handicap, mais des affections telles que l'achondroplasie (nanisme congénital) ou des handicaps qui entraînent une surdité et une cécité totales ne sont pas mortels. Or, certaines demandes de conseil génétique, susceptibles de déboucher sur une interruption volontaire de grossesse (IVG),