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Libération

Vieilles chouettes, poules de luxe et oiseaux de nuit

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GR816 s'embourbe dans les valeurs morales, Jacques Fath fait abstraction des quatre dernières décennies. Seul Jean Colonna réussit le pastiche en ressuscitant les années 80.
publié le 21 mars 1995 à 1h56

Dimanche à 13h30, on s'énerve pour la première fois. Le défilé de GR816, duo formé par Gilles Rosier et Claude Sabbah, paraît singulièrement cavalier. Figés entre la double page de Paris Match sur Edouard Balladur à Chamonix et le rendez-vous de chasse en forêt de Chambord, ces vestes en prince-de-galles et treillis façon Tintin, ces culottes de cheval et cagoules de fous du volant; ces chaussettes en tweed et le serre-tête à bois de cerf (cerf-tête?) laissent un sale goût de repli sur les indécrottables valeurs morales. On a naturellement pensé à du quinzième degré, mais le rire arraché au cours des premiers passages se fige imperceptiblement, quand GR816 aborde les pentes savonneuses de sa ligne sports d'hiver. Très bourgeoisie tyrolienne, les manteaux en loden vert, accessoirisés de manchons en forme de tonneau de saint-bernard, laissent quand même rêveur sur les choix électoraux du duo. D'autant que, non content de faire défiler des couples surjouant leur ligotage conjugal, GR816 nous inflige la descendance qui va avec. Aussi propres que des triplés de Madame Fig, pareils à des petits lord Fauntleroy et roux comme la progéniture du juge Jean-Pierre, ces petits sont punis d'avance par leurs pulls à codes-barres et leurs knickers aristocratiques. Le douteux de toute cette affaire culminera avec des adultes rétrogadés à l'état de vieux enfants psychotiques, maintenus de force dans la puérilité par des uniformes de kindergarten dégénéré. Là encore, on voudrait bien croire à