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Libération

Gentilly : mères de toxicos, la catharsis du groupe

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publié le 30 mars 1995 à 1h38

A Gentilly, les parents parlent du cauchemar de la drogue. Pour y

échapper.

Quand elles parlent de leurs fils, ces femmes simples ont des mots de philosophe. «J'ai toujours confiance en toi, quand tu es Gilles», écrit Maria à son fils, pour lui montrer qu'elle sait bien qu'il n'est pas lui-même quand il se drogue. Mères de toxicomanes, elles se réunissent régulièrement et parlent longtemps, sans pouvoir s'arrêter, comme des gens qui se sont trop tus et ont tout supporté. A Gentilly, dans le Val-de-Marne, où ont lieu les réunions, le Groupe Parents est un des rares en France à fonctionner depuis un an.

Elles ont tout vu de la drogue, ont tout connu dans cette intimité qu'elles ont bien dû partager pendant des années. La dope rencontrée au service militaire, et le garçon qui devient bizarre avec ses crises de mal au ventre qui le plient en deux. Les vagues qui agitent la cité quand la drogue y passe. Les rémissions et les rechutes qu'on guette avec effroi. Les jours «sans» à compter, les dettes à combler. Elles repensent aux choses qu'elles aimaient et qui ont disparu: un jour, c'est la collection de timbres, le lendemain, les rares bijoux vendus pour un rien, pour la dette du jour, et même le salon qu'un dealer est en train d'embarquer sur son dos quand vous rentrez chez vous. Et les coups de téléphone des revendeurs qui appellent la nuit et attendent en bas pour réclamer l'argent, les crises de manque où la douleur est si forte que le garçon ne se rase plus et ne supporte même