Premier raté dans la mise sur le marché de la méthadone. Si, depuis
hier, le produit est effectivement devenu un médicament, il est toujours introuvable en dehors des centres agréés. La méthadone a bien reçu son visa de commercialisation (Libération de vendredi 31 mars) mais elle n'était pas hier au rendez-vous dans les pharmacies. Voilà qui ne va pas soulager les centres engorgés qui attendent cette mesure pour faire suivre leurs patients «en ville». Les laboratoires Mayoly-Spindler, chargés de la fabrication de ce produit de substitution à l'héroïne, annoncent que la méthadone ne sera pas délivrée dans les pharmacies avant «un mois ou deux», un délai non prévu par le ministère de la Santé. Ce qui confirme les craintes des médecins chargés des toxicomanes, qui redoutaient que le laboratoire ne soit pas en mesure de répondre à la demande. «Une vanne s'ouvre mais il faudra sans doute six mois pour que la situation soit rodée en France», commente le docteur William Lowentsein, qui dirige le centre méthadone Monte-Cristo à l'hôpital Laënnec à Paris.
L'attribution de la fabrication de la méthadone en février au laboratoire Mayoly-Spindler avait créé la surprise. Depuis des années, la Pharmacie centrale des hôpitaux se chargeait de la fabrication et de la fourniture de la méthadone. Cet organisme public, qui s'était longtemps battu pour que le produit devienne un médicament, a dû en abandonner la fabrication à cause de la législation en vigueur. Serge Hefez, médecin responsable du