Menu
Libération

Ghislaine, la vie par un rein artificiel

Article réservé aux abonnés
publié le 3 avril 1995 à 4h29

Ghislaine, la vie par un rein artificiel

En vingt ans de maladie, elle a vu la servitude de la dialyse s'assouplir.

A 32 ans, Ghislaine a déjà passé plus de temps en dialyse que nulle part ailleurs. Branchée à ce rein artificiel des nuits et des jours entiers, rivée par un long tuyau à cet appareil qui la vide de son sang. En vingt ans ou presque, elle a eu le temps de voir la dialyse changer et la servitude s'assouplir, sinon disparaître. Toutes ces années, entrecoupées d'une longue rémission due à une greffe réussie - temporairement comme toutes les greffes de rein, - font de la vie de Ghislaine un concentré des souffrances des dialysés et des progrès réalisés dans cette technique dont bénéficient actuellement 22.000 personnes par an.

Ghislaine n'a que 13 ans lorsqu'à la suite d'une glomérulonéphrite (atteinte de la fonction rénale de cause souvent inconnue) ses deux reins sont détruits en six mois. Commence alors une vie pénible faite de séances d'hémodialyse, seul traitement, avec la greffe de reins, de l'insuffisance rénale qui la frappe. Dans ces années 70, l'hémodialyse n'est pas compatible avec une vie normale. «Ça se passait mal, raconte-telle. Trois fois par semaine, j'étais sur un lit pendant six heures, une fistule très douloureuse ouverte dans mon bras. Les appareils de dialyse étaient alors énormes, avec leurs tuyaux d'épuration de 500 à 600 mètres enroulés dans deux grosses caisses.» Le principe de la dialyse est simple, en théorie: il s'agit de remplacer le rein