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«Nous devons faire le deuil de chaque appel»A Sida info service, les écoutants sont au bout du fil 19 à 26 heures par semaine.

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publié le 4 avril 1995 à 4h27

Déjà quatre ans de fonctionnement pour Sida info service (SIS).

Florence, Monique, Maxime et Pierre sont presque des pionniers du service, eux qui depuis plus de trois ans sont écoutants. Des «écoutants de longue date» pourrait-on dire, comme on dit «survivant de longue date» pour les personnes vivant depuis longtemps avec le virus. Dans la salle d'écoute, studieuse, ils sont six en permanence à répondre aux appels. Des tranches de travail de quatre heures (huit heures la nuit), entrecoupées de pauses, à raison dedix-neuf ou vingt-six heures d'écoute par semaine, dont six de formation. Des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, des gays et des hétéros, des mères de famille. Entre eux, une grande complicité et, souvent, de l'amitié. Des répondants aux origines sociales et aux parcours professionnels variés: enseignants, médecins, artistes, journalistes, psychologues. Ils sont embarqués dans une lutte contre le sida qui devient parfois «dévoratrice de soi», comme le dit Pierre, qui en plaisante: «Je ne sais pas si c'est le sida qui aura ma peau mais la lutte contre le sida, certainement...» Quatre ans passés à réfléchir sur leur engagement pour transformer l'expérience immédiate de chacun en savoir transmissible, chaque appel faisant l'objet d'un traitement statistique. Des statistiques qui ont dessiné au fil des mois le profil des appelants: 60% de jeunes adultes de 20 à 40 ans, 61,5% d'hommes, 75% d'hétérosexuels pour 12,8% d'homosexuels, seulement 10% de ge