Les proviseurs exercent un contrôle subtil et diffus pour éviter
toute critique.
Poitiers, envoyé spécial Avec un journal fabriqué au lycée, les élèves disposent d'un espace où s'exprimer et souvent se relâcher. Cela fait donc facilement peur à l'administration d'un établissement, frileuse à l'idée de se voir parfois malmenée. Le festival Scoop en stock, qui s'est tenu du 31 mars au 1er avril à Poitiers, a été l'occasion d'un point sur l'état de la censure dans les journaux lycéens.
Depuis mars 1991, une circulaire du ministère de l'Education nationale assure la liberté d'expression des élèves «sans censure ni contrôle préalable», en précisant toutefois la notion de diffamation. Effet pervers de ce texte trop flou: les proviseurs de lycées, s'ils ont toujours été rapides à monter sur leurs grands chevaux pour bâillonner un journal lycéen gênant, sont aujourd'hui devenus plus sournois dans leur censure, plus subtils dans leurs pressions sur la jeune rédaction. Ils confondent facilement la critique, qui reste un droit, et la diffamation, qui elle est condamnable. La rédactrice en chef d'un journal lycéen s'est entendu dire: «Je ne vous censure pas, je vous donne mes opinions. Mais si mes opinions ne cadrent pas avec ce que vous publiez, on ne publie pas.» Et manifestement les opinions des proviseurs sont d'une subtilité à toute épreuve: «L'humour, oui. L'ironie, non», prévient un autre.
Il faut dire que les sensibilités sont vite réveillées dans le milieu scolaire. A peine les élè