La fin des années clinquantes
Avant la naissance du prêt-à-porter, il y avait des «magasins» (de nouveautés, de chaussures, de tricot ou de mode). Et puis dans les années 60, ces points de vente ont mué en boutiques. Dès cette époque, Londres invente des endroits où tout est fait pour que la jeune clientèle se sente chez elle: coins salon, bar, restaurant. La France s'y mettra plus tard: «Le concept remonte à l'ouverture de la boutique Saint Laurent Rive gauche, à la fin des années 60. C'est l'identification de la boutique qui faisait qu'on entrait», se souvient Andrée Putman. Mais très vite, dans les années 70, les boutiques ont été touchées par une véritable tempête de faux luxe. «Du tape-à-l'oeil, du cuivre rutilant. On pensait que plus ça avait l'air cher, plus ça se vendait.» C'était ça, ou le franc délire: «Dans les boutiques de chaussures de la rue de la Chaussée-d'Antin, poursuit Andrée Putman, il y avait des locomotives, des grandes roues lumineuses en vitrine. L'intérieur des magasins était en plâtre blanc, avec des formes organiques. On a tout fait pour surprendre.» Forcément, après l'indigestion, on est passé à la diète. C'est là, au début des années 80, que sont arrivés les créateurs japonais, mettant en vente leurs vêtements dans des boutiques ultraminimalistes. «Quand Comme des garçons a ouvert à Paris, j'ai eu des félicitations alors que je n'y avais pas touché. Comme les murs étaient en ciment gris, qu'il y avait une chaise Mallet Stevens et la lampe que j