SANTÉ. Une exposition à Paris retrace l'histoire de l'accouchement
depuis des siècles.
«Faire tomber l'enfant au monde». Au XIXe siècle, près d'une femme sur dix mourait en couches.
La parturiente du XXe siècle n'a certes jamais vu, ni même entendu parler, du crochet porte-lacs, du céphalotribe, du basilyste et du perforateur trépan... Autant d'instruments de torture qui ont servi aux couches de nos aïeules du siècle dernier. Ces outils sont pourtant le clou d'une exposition, à Paris, consacrée à «l'Heureux événement: une histoire de l'accouchement» (1). En fait d'heureux événement, les couches furent plutôt un cauchemar trop souvent mortel. A l'hôpital Lariboisière, à Paris, entre 1854 et 1862, 395 femmes (sur 5022 accouchements) moururent en couches. Sans parler de la mortalité infantile. Malgré ces chiffres, les femmes ont longtemps accouché chez elles, sans qu'il ne vienne à l'idée de quiconque de faire appel à un médecin. Il était alors habituel de confier l'accouchement à des femmes, connues pour leur expérience et leur dextérité, qu'on a successivement appelées la bonne-mère ou la matrone avant de passer à l'appellation toujours en vigueur de sage-femme. Dans les siècles classiques, les accoucheuses traditionnelles sont en général de vieilles femmes illettrées, qui se contentent de transmettre, le plus souvent de mère en fille, leurs façons de faire, leurs petits secrets, vilipendés par les chirurgiens et les curés. L'Eglise voit en effet d'un mauvais oeil ces réunions