Réapprendre à vivre sans mémoire
Après une agression, Rémy ne reconnaît ni sa fiancée ni ses parents.
Lyon, envoyée spéciale Avril 1988. Rémy Eyraud, 26 ans, jeune PDG d'une entreprise agro-alimentaire, est mystérieusement agressé, chez lui. Coup violent sur la nuque, chute dans les escaliers, coma. Quatre heures plus tard, il se réveille. Sans mémoire. Il ne reconnaît ni ses parents, ni sa fiancée. Plus incroyable, il ne comprend plus les mots parents et fiancée, ne sait plus quels liens unissent des gens qui s'aiment, ce qu'est l'amour. Il s'étonne que le ciel soit noir la nuit, se demande qui est face à lui dans le miroir, à quoi peut bien servir un robinet. Il va lui falloir tout réapprendre: à parler, à lire, à écrire. Christine, sa compagne, lui explique, patiemment, le chaud et le froid, les saisons, le fonctionnement d'une voiture. Un peu comme à un enfant. «Mais attention, prévient-elle aujourd'hui, je ne me suis jamais senti sa mère. Je n'avais pas un gamin en face de moi, mais bien un adulte qui m'obligeait à aller au bout de mes raisonnements.» Problème: Christine n'est pas une encyclopédie vivante. «Rémy avait du mal à comprendre que les gens ne sachent pas tout et qu'ils ne se posent pas les mêmes questions que lui.»
En même temps que sa mémoire, Rémy a perdu le sens des nuances, du compromis, de la complexité des relations humaines, ce qui intrigue et met quelque peu mal à l'aise. «Pour moi, dit-il, tout est blanc ou noir, il y a d'un côté les bons, de l'autre l