Une patate adjugée au prix d'un grand cru. La récolte de la
grenaille de Bonnotte ressuscitée s'est vendue 265 francs le kilo.
La patate la plus chère du monde s'est adjugée 265 francs le kilo, au marché de gros de Nantes, vendredi dernier à 6 heures du matin. Un prix record pour une variété oubliée, la «grenaille de Bonnotte», obtenu grâce à des ordres d'achat faxés de toute la France par une trentaine de grands restaurants, dont Le Dôme à Paris et les Armes de Champagne à Châlons-sur-Marne. L'heureux acquéreur est Eric Noleau, un agent immobilier de Lille qui compte bien faire la fête avec ses cinq kilos.
Plantée à la Chandeleur sur un lit de goémon, la Bonnotte attend 90 jours pour parvenir à la plénitude de ses saveurs printanières. Originaire de Barfleur dans la Manche, elle a été implantée à Noirmoutier dans les années 20, et a contribué à asseoir la réputation de la pomme de terre primeur de l'île. En 1938, l'Académie des sciences naturelles avait monté la Bonnotte au pinacle pour ses spécificités gustatives et culinaires. Sucrée, fondante et ferme, cette variété précoce au goût si fin, tombée en désuétude après les années 50, a été régénérée depuis trois ans à partir de souches conservées dans quelques bouts de jardins de pépés de l'île, artisans sans le savoir de la conservation d'un patrimoine génétique et culinaire. Le 2 février dernier, sous la férule de la coopérative locale, une douzaine de producteurs de l'île ont remis en terre 800 kilos de semence «dévirosée»,