Alep, envoyée spéciale
Aladin est le repère idéal pour quiconque s'aventure dans le dédale des 12 kilomètres du souk aux voûtes de pierre d'Alep. Il faut s'attarder à ses pitreries, savourer ses jeux de mots empruntés au vocabulaire des touristes de toutes nationalités qui débarquent toujours plus nombreux en Syrie, l'entendre déclamer aux badauds ses «My tantouse is from Toulouse» «My gay is not gai», le voir brandir, l'air innocent, son paquet de préservatifs à l'Italienne qui réclame de l'encens. Histoire de montrer qu'en Syrie aussi, on sort couvert. Aladin et ses neufs frères, qui tiennent chacun leur commerce de tissus dans la grande allée du souk, comme madame Olga, seule femme à tenir un hôtel en ville, sont des figures incontournables d'Alep.
Il faut errer au souk les jours d'agitation, se laisser ballotter par la foule, entre les ânes, les bicyclettes ou les motocyclettes. Traîner du côté des drapiers, des cordeliers, des bijoutiers, dont les colliers, bracelets, boucles d'oreilles font comme des rideaux d'or aux vitrines. Il faut y revenir le vendredi quand tout est fermé. Quand il est à peine éclairé. Le silence y marque chaque bruit de pas, signalant quelque part dans une allée lointaine un Alepin en marche vers la mosquée toute proche. Seul ou presque à l'heure de la prière dans cette immensité voûtée, on renifle les odeurs qui annoncent, derrière les volets clos des boutiques, la cardamome, le savon à l'huile d'olive, grande production locale, ou le café. Il f