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Tests pour prédire et non guérir le cancer. La détection d'un risque débouche rarement sur une prévention efficace.

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publié le 13 mai 1995 à 5h05

Prédire et guérir. Les deux mots ne riment qu'en apparence. Avec les

découvertes successives, et très médiatisées, d'une série de gènes impliqués dans des cancers, il est désormais possible de prédire, chez certaines personnes, le risque de développer un cancer dans le futur. Certains tests génétiques, simples et fiables, permettent en effet de chiffrer, dans des familles où la fréquence des cancers est élevée, le risque de développer «un jour» un cancer. Mais ceux qui s'imaginent que l'irruption de la médecine prédictive dans le domaine de la cancérologie va forcément de pair avec des progrès dans la surveillance, le dépistage et le traitement seront déçus. La cancérologie prédictive - oncologie génétique, comme l'appellent les spécialistes - n'en est en effet qu'à ses balbutiements: pour le moment, la prédiction d'un risque cancéreux ne débouche que très rarement sur des mesures efficaces de prévention. «Qui peut avoir envie de vraiment savoir s'il est porteur du gène d'un cancer?», se demandent dans la revue Nature Medicine (avril 1995) des chercheurs de l'université de Harvard. Bonne question. Déjà, aux Etats-Unis, les laboratoires de biotechnologie, qui affirment avoir investi des fortunes dans le développement de ces tests, se demandent s'ils n'ont pas fait fausse route en imaginant que des personnes allaient demander ce genre de tests alors que la médecine n'a pratiquement rien à leur offrir en retour. Le conseil génétique en cancérologie est une tâche ardue. Les m