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Libération
Reportage

L'hôtel Cocoon met en boîte les voyageurs en transit. Au niveau -3 de Roissy, des chambres capsules de 7 m2.

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publié le 18 mai 1995 à 4h54

D'un coup de taxi, on y est presque. Passés le périf', l'A3, les

enseignes plus ou moins hautes du Formule 1, de l'Ibis et du Hyatt, le voilà, blotti dans le béton, sous le néon. Aérogare 1 à Roissy, niveau -3 des boutiquiers, c'est là que le Cocoon (de cocooner: repli sur la maison les pieds en charentaises) vit sa vie particulière d'hôtel particulier: 59 chambres-cabines (sans fenêtre) sur 800 m2, inspirées des hôtels capsules japonais et serrées entre le Maxim's, le Burger King, le Pizz'n Grill, le Félix Potin et la pharmacie. Derrière le Cocoon, les quais de livraison et les pistes toutes proches. En face de lui, les jets d'eau du patio central. Au milieu, cette allée qui tourne comme on tourne dans les aéroports. Pour signaler ce lieu de transit où le voyageur replie, le temps d'une nuit, ses rêves dans une boîte de 7 m2 sous 2,30 m de plafond, un pictogramme douche-télé-téléphone-lit fait office d'enseigne.

«Avant, tous ces gens-là, nous les voyions alignés sur les bancs ou alors ils dormaient par terre. Ce n'était pas la sécurité, ni pour eux, ni pour nous. Maintenant, ceux qui sont assis sur les sièges la nuit, nous savons que ce sont des SDF, ça a un peu assaini.» De derrière son comptoir, d'une blancheur quasi clinique qui fait davantage penser à un salon de massage qu'à un hall d'hôtel, Waafa, la réceptionniste, connaît tout son petit monde: «Ils viennent généralement entre 20 heures et 1 heure, mais certains matins j'arrive à faire mes dix chambres entre 6h30 et 9