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Libération

Rezé, les rides radieuses du Corbusier. Quarante ans après, la cité de la banlieue nantaise a gardé son esprit communautaire.

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publié le 19 mai 1995 à 4h53

Rezé-les-Nantes, correspondance

Ici, on dit toujours qu'on habite «au Corbu». Mais l'ombre de Le Corbusier, qui attacha tant de théorie à la conception de ses «machines à habiter», ne plane plus guère dans l'esprit des habitants d'aujourd'hui. Cinquante mètres de haut, cent dix de long et vingt de large, le bâtiment livré en avril 1955 domine le sud de Nantes de sa masse imposante. Des quatre «unités d'habitation» qu'il édifia à Marseille, Briey (Meurthe-et-Moselle), Firminy (Loire) et Berlin, la Maison radieuse de Rezé est la seule qui ait conservé son statut de logement social. 200 des 294 logements sont gérés par une société locale d'HLM, Loire-Atlantique Habitation, les autres duplex étant sous le régime de la copropriété. Cette année, la Maison radieuse fête ses quarante ans, trente ans après la mort de Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, son illustre architecte. Mais la nostalgie, elle, est bien là. Rien de bien particulier à l'immeuble: nombre de grandes barres d'après-guerre furent investies dans la joie de découvrir le confort moderne. Pour l'époque, en pleine crise du logement, les standards étaient considérés comme du luxe: chauffage, double-vitrage, cuisine équipée, insonorisation, rien à voir avec les soupentes exiguës, baraquements et autres solutions précaires d'une ville bombardée.

Aussitôt finie, l'unité d'habitation est occupée par des ouvriers, employés, enseignants, parmi lesquels de nombreux militants syndicaux chrétiens. Le béton est en gravil