Le Corbusier est mort il y a trente ans et son mythe pèse encore sur
les jeunes architectes. Le fait s'explique: la France n'est pas si riche que ça en grandes figures architecturales. Ce poids du maître, on a pu le mesurer le jour où le vaste terrain qui fait face à la Maison radieuse de Rezé a été mis au concours. Cela se passait en 1991 dans le cadre de l'Europan, un concours d'idées qui ne débouche pas forcément sur des réalisations, réservé aux jeunes architectes. Les candidats avaient le choix entre dix sites en France. Et ils se sont rués sur celui de Rezé. Enfin, ils se coltinaient la confrontation avec la Maison radieuse de Rezé, avec Le Corbusier soi-même...
Face au vaisseau corbuséen de 65.000 tonnes, les architectes ont planché, en référence ou en décalage avec la doctrine du maître. «On ne veut ni cracher dessus, ni le mettre au pinacle, mais Le Corbusier, pour nous, c'est quand même la référence en matière de logement», confient Nicole Garo et Marc Boixel, qui ont finalement gagné avec un ensemble de vingt petits blocs de treize logements au dessin clair. «Tout en étant plus critiques quant à ses théories urbaines, on a une grande fascination pour son travail formel, son style, le toit terrasse, la fenêtre en longueur, l'invention du plan libre (supprimant l'usage systématique des cloisons, ndlr). Aujourd'hui, on peut dire que Corbu appartient à l'histoire de l'architecture. Il nous a tout appris, et on n'a pas épuisé son héritage. Empiler des maisons dans de g