Tabou. Ce mot résume, pour l'essentiel, l'attitude française
concernant les risques de contamination par le virus du sida en prison où les taux de séropositivité sont particulièrement élevés. Les relations sexuelles ou le partage des seringues entre toxicomanes ne s'arrêtent pas aux portes des maisons d'arrêt, et des études étrangères montrent que la détention, surtout la préventive, constitue un lieu et un moment à haut risque. S'appuyant sur ces études, réalisées dans les prisons de 11 pays et publiées dans le British Medical Journal, la revue Transcriptase (1) analyse pour la première fois le risque de contamination dans les prisons françaises et montre l'indigence de notre politique de prévention en milieu carcéral. 5,1% de séropositifs à la prison de Fresnes, 6,4% à Fleury-Mérogis, 8% à la maison d'arrêt des Hauts-de-Seine à Nanterre, entre 7 et 14% à la prison des Baumettes à Marseille. Ces taux très élevés, découverts à la faveur d'enquêtes ponctuelles, sont peu connus du public. La mesure du risque de contamination par le VIH dans les prisons françaises (57.000 détenus en 1994) l'est encore moins. Le British Medical Journal révèle que seuls de rares pays ont su mettre en place une prévention du VIH en milieu carcéral. Certes, dans les 11 pays étudiés (Angleterre, pays de Galles, Ecosse, Australie, Inde, Danemark, Etats-Unis, France, Pays-Bas, Allemagne, Thaïlande et Israël), des actions de prévention et d'information sont menées en direction des détenus. Mais la dist