Grenoble, envoyé spécial
«Allez au sommet du col du Fau. Imaginez un tracé d'autoroute tout droit en direction de La Mure, vous comprendrez pourquoi ce projet reliant Grenoble à Sisteron nous paraît être une folie.» Cet argument des agriculteurs du massif alpin du Trièves, au sud de Grenoble, n'a pas échappé à l'Area, société des autoroutes Rhône-Alpes, concessionnaire du chantier. Son journal gratuit d'information s'ouvre sur une photo couleur panoramique du massif. La légende promet «un tracé qui épouse monts et vallées». Promise à la une, la concertation annoncée est assortie, dans l'éditorial, d'une notation qualifiant «l'environnement humain et naturel» de «particulièrement sensible». La société concessionnaire promet «d'importants avantages dans les transports et la circulation, dans l'activité économique et le développement urbain...».
Le message n'est pas passé tel quel. Dès juillet 1992, l'enquête publique réalisée sur les 27 km du projet de tracé sensible reliant Varces au col du Fau avait indiqué un rejet de 87% des 4.000 personnes ayant donné leur avis. Le projet est néanmoins déclaré d'utilité publique en décembre 1993. Son rejet rassemble bientôt 11 communes et 8 associations qui déposent un recours auprès du Conseil d'Etat. Les premières manifestations des opposants rassemblent plus de 3.000 personnes à Grenoble. En janvier 1995, dès les premiers vrombissements des engins sur les chantiers de Vif et de Varces, deux petites villes de la vallée qui ouvrent l'accès