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Libération

La France se retrouve au bord du crack. Diabolisée aux USA, cette drogue bénéficie ici «du mystère qui l'entoure».

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publié le 2 juin 1995 à 5h44

«Tu prends la coke, tu prends du bicarbonate de soude. Tu mélanges bien avec un couteau et puis tu chauffes, quoi. Un moment, ça va devenir comme le savon, comme des larmes. C'est ça la coke, c'est les petites tâches. Tu passes la pipe à travers une bouteille. Avec ça, t'es tranquille. Si les stups débarquent, la bouteille c'est pas une preuve, c'est une bouteille d'Evian. Tu respires. C'est toi le maître.» Il faut avoir vu N'oublie pas que tu vas mourir, le film de Xavier Beauvois primé à Cannes, pour comprendre comment on fabrique avec un peu de cocaïne et de bicarbonate ce crack dont on parle tant sans rien en savoir. C'est en effet une drogue bien mystérieuse que le crack, à l'infernale réputation, diabolisé aux Etats-Unis et dont l'arrivée en France a cent fois été annoncée ou démentie. Alors qu'une commission nationale sur le crack vient d'être créée par la Direction générale de la santé, ce produit a été pour la première fois le sujet d'un colloque international organisé par le Crips (centre régional d'information et de prévention sida, le 31 mai à Paris), dont un des objectifs était précisément d'en finir avec cette diabolisation.

Le crack, c'est de la cocaïne la plus pure. Une cocaïne en cailloux qui crépite (d'où son nom) quand on la fume. Du chlorhydrate de cocaïne, mélangé à du bicarbonate de soude, facile à préparer, très bon marché parce qu'avec leur coque de bicarbonate, les cailloux sont beaucoup plus lourds ­ et donc, moins chers au poids ­ que la cocaïne ha