Sculpteur, couturier, designer, artiste artisan, responsable d’un incontinent bla-bla new-age, prophète de malheur («le sida serait une punition divine») : mais qui est donc Francisco Rabaneda Cuervo, né à San Sebastian en 1934 ? A force de nous traîner dans les méandres de ses vies antérieures, Paco Rabanne, best-seller façon Nostradamus, hétaïre du temps des pharaons, avait fini par passer pour un extraterrestre plutôt atterrant. Bref, l’occulte Paco était parvenu à occulter Rabanne, fabuleux innovateur. L’exposition fomentée par Lydia Kamitsis - conservateur à l’Union française des arts du costume (Ufac) et auteur de la sublime exposition Vionnet à Lyon en novembre dernier - au musée de la Mode de Marseille vient à point nommé rappeler le rôle phare du météorite Rabanne dans la planète mode. Certes, des créateurs d’avant-garde comme le minimaliste Martin Margiella ou le très azimuté Xuly Bët ont le bon goût de s’inspirer de l’inventeur du parfum Calandre. Les manches-chaussettes de Margiella, l’enfant-terrible d’Anvers, sont directement issues de la galaxie Rabanne, de même que les bandes élastiques du Parisien Hervé Léger et le jersey d’aluminium prétendument découvert par l’Italien Gianni Versace… Sans parler de l’émergence de jeunes créateurs, tel Olivier Guillemin dont les recherches de matière s’inscrivent dans le droit fil (synthétique) de l’univers Rabanne. Enfant prodigue des années 60, Rabanne a toujours su garder un inexpugnable attrait futuriste, contrai
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Paco Rabanne, le prophète
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Paco Rabanne en mai 1994. (Benainous/Marchetti/GAMMA-RAPHO)
par Daniel LICHT
publié le 24 juin 1995 à 5h58
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