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Libération
Reportage

«Si je dois devenir auxiliaire de police, je déménage». Pour Ghislain Martin, gardien à la Pierre-Collinet, à Meaux, «la loi de la cité, c'est de ne pas citer».

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publié le 29 juin 1995 à 5h28

Chômage et insertion à la Pierre-Collinet

Construite à la fin des années 60, cette cité abrite 5.000 habitants répartis dans 1.250 logements. Seuls 5% d'entre eux sont individuels.

La moitié de la population a moins de 20 ans. Le pourcentage des «étrangers» est de l'ordre de 40%, contre 6,4% dans le reste de la commune. Pionnière en matière d'expérimentation de dispositifs d'insertion, la Pierre-Collinet s'est dotée d'une mission locale dès le début des années 80. En octobre 1985, «Collinet Services», l'une des premières régies de quartier, voyait le jour. Malgré la mise en place de ces «outils», le taux de chômage culmine à plus de 30%. Seuls 6% des actifs du quartier sont cadres, contre plus de 17% dans le centre de la commune. «Si je dois devenir auxiliaire de police, je déménage»

Pour Ghislain Martin, gardien à la Pierre-Collinet, à Meaux, «la loi de la cité, c'est de ne pas citer».

«Chez ta mère, c'est tellement crade que Monsieur Propre s'est mis à boire.» Variation parmi d'autres sur le thème des «Ta mère», la petite phrase s'étale en lettres majuscules sur la façade d'une barre HLM. Elle n'arrache pas un sourire à Ghislain Martin. Gardien d'immeuble à la Pierre-Collinet, dans les faubourgs de Meaux (Seine-et-Marne), ce salarié de l'office HLM goûte peu la verve banlieusarde. Plus elle s'exprime, plus il la combat. A coups de produits désinfectants. Clope au bec, Ghislain, 37 ans dont «dix-sept de métier», inspecte les Fougères, bâtiment de 300 logements dont il a la ch