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Portrait

Pierre Cardin, magnat de la mode, en roue libre

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Le président de la chambre syndicale des couturiers est le seul à ne pas défiler cette semaine.
publié le 5 juillet 1995 à 6h33

Alors que s'agitent les défilés de prêt-à-porter homme, Pierre Cardin, inventeur de la grande diffusion de mode masculine, en 1960, ne participe pas au rituel. Pour l'ancien élève de Paquin et Schiaparelli, âgé de 73 ans, les défilés n'ont plus d'importance. Pierre Cardin ne croit plus à l'influence des saisons dans la mode. «Que voulez-vous, tout cela n'a pas tellement de sens. L'hiver, l'été. Avant, les femmes sortaient l'hiver, elles voulaient des manteaux de fourrure, elles avaient froid. Moi, j'ai fait des fourrures synthétiques, à l'époque, qu'est-ce que je n'ai pas entendu. Maintenant, c'est la norme, passons. Quant à l'été, cela n'existe plus, les clientes haute couture vivent dans des univers climatisés, alors les matières n'ont plus à suivre le rythme des saisons. Les créateurs non plus d'ailleurs», assène Pierre Cardin, avec un radicalisme aussi farouche qu'à l'époque où il révolutionnait la mode hommes avec ses blousons cols Mao, ses lignes cosmonaute ou ses vestes de costume au cintrage outrancier.

Président de la chambre syndicale des couturiers, Cardin est précisément le seul à ne pas jouer le jeu des présentations préétablies et normatives. Une manière de balayer les règles de la couture telles qu'elles lui furent inculquées à ses début, après la guerre, dans la maison Paquin. «Madame Grès pour faire une robe a besoin de milliers de coutures, eh bien moi, je fais un drapé avec un point de couture. Un peu comme César, avec ses coulées. Pour moi, la robe est un