La nouvelle collection printemps-été du styliste anglais Paul Smith,
présentée mercredi à Paris, s'est clairement affirmée comme l'un des temps forts de la semaine des défilés de prêt-à-porter masculin. Intitulée Bleu d'été, cette production illustre parfaitement l'approche stylistique de ce créateur de 48 ans: une relecture du vêtement masculin distordue à coup d'extravagance et d'humour cent pour cent anglais. Oser des matières à l'iridescence incongrue ou choisir des nuances inspirées du bleu d'Yves Klein pour un costume, tailler des cravates dans un tissu au relief ébouriffé, T-shirts magnifiés par des motifs en photo-impressions, etc. L'extravagance de Smith semble aussi inépuisable que le flux et le reflux de l'océan: ce caractère infini et indéfini contribue à lui donner cette grâce et cette légèreté qui lui confèrent une élégance proche de l'invisibilité. Surnommé le nouveau gourou du chic masculin, Smith apparaît comme le parfait adepte de l'axiome du dandy 1820, George Bryan Brummel (modèle de Baudelaire et de Wilde), pour qui la véritable élégance consistait «à ne pas se faire remarquer». Discrète, la mode de Smith n'est pas terne pour autant. A l'image du producteur-arrangeur Chris Thomas qui, dans les années 70, greffait ses nappes de violons sur les musiques pop de Procol Harum, John Cale ou Roxy Music, Smith possède ce génie typiquement britannique d'inventer une mode moderne où chacune des lignes passées (mods, strict, sport) est exhaussée d'une classe inhére