Angleterre contre reste du monde: la semaine de présentation des
collections de prêt-à-porter masculin printemps-été 1996 a subi les assauts répétés des eurosceptiques du chiffon. On retrouve chez la plupart des créateurs fidèles aux accords de Schengen, qui passent d'un pied leste de la tong à la bottine compensée, un goût perméable pour une relecture copie carbone des années pop à post-disco, avec débauche d'habits de lumière fluo, de chemises en satin pelle à tarte au cintrage androgyne, de maillots de bain zippés à poche, portés avec des vestes de maquereaux lituaniens.
A l'autre bout de l'Eurotunnel, les représentants de la perfide Albion (et dominions) contemplent avec morgue cette défroque pailletée, lui opposant ses siècles de bon goût mâtiné d'excentricité immémoriale. Si le «truly brit» Paul Smith lorgne du côté du clinquant viril mais cool de la Côte d'Azur, c'est pour mieux rendre chic'issime ses chemisettes à motifs «homard», ses costumes en prince de Galles mandarine, sans oublier une incursion radioactive du côté de Mururoa (maudits Anglais!) où la fausse épouse Turenge (écrivain avéré) portera un pantalon semé de fleurs de tiaré. Coup de chapeau (bowler hat) à la rétrospective Yves Klein, dont les monochromes bleus n'ont jamais été aussi bien recyclés que par l'oncle Paul. Le Sino-Irlandais John Rocha a, lui, plutôt visité les fripes de Portobello pour y reprendre à son compte des lignes un peu lâches, un peu amples, un peu fond de culotte. A porter relevé sur