Ethnologue de formation, normalienne, Florence Weber vient de
publier avec Séverine Gojard une étude sur les jardins et les classes sociales commandée par l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) et le ministère de la Culture (1). Selon cette étude, le jardin serait l'occasion d'une affirmation de soi, d'une estime personnelle liée à l'attribution de valeurs morales.
Vous dites que le jardin est constitutif d'une identité familiale.
On identifie la famille à travers son jardin comme au travers de sa maison ou de sa voiture. C'est un espace domestique d'identification et d'appropriation pour la famille toute entière. Du coup, vous opérez des différences dans la manière de jardiner en fonction de la classe sociale?
Parce qu'on ne peut pas penser le travail de jardinage sans penser le rapport au travail professionnel. Les liens entre les deux ne sont pas les mêmes selon la place qu'on a dans la division du travail. Quand on est en bas de la hiérarchie, on s'investit dans ce «travail pour soi» différemment que dans sa profession. Chez les cadres il n'y a pas cette dichotomie. Ils sont cohérents entre le type d'investissement au jardin et à leur travail.
En ce qui concerne la classe ouvrière?
La valeur attribuée au travail de jardinage est beaucoup plus importante dans les classes populaires. Car ce sont des personnes définies socialement par une activité professionnelle plutôt «basse» (petit ouvrier ou petit employé). Ce «travail pour soi» permet une récupération de l