Quelles limites doivent s'assigner les médecins de la procréation?
La question, régulièrement posée par psychiatres et psychanalystes (1) est entrée dans le cénacle des spécialistes de l'assistance médicale à la procréation (APM). Au début du mois à Strasbourg, lors d'une rencontre réunissant une vingtaine d'experts européens sous l'égide du Conseil de l'Europe et de l'association française des couples infertiles (2), l'un d'entre eux, le professeur Israël Nisand, s'est interrogé sur les effets psychologiques pervers de certaines pratiques médicales, notamment dans le cas de stérilités inexpliquées. Chef de service de gynécologie obstétrique à l'hôpital de Poissy, professeur de gynécologie obstétrique à Paris V, il s'interroge d'abord sur l'utilisation de l'assistance médicale à la procréation.
Qu'est-ce qui vous fait dire que la médecine de la procréation peut avoir des effets stérilisants?
C'est une question que je me pose. Si on analyse les stérilités tubaires par exemple, ou les stérilités masculines, on s'aperçoit qu'à une anomalie organique correspond une réaction du corps médical qui règle le problème avec un taux de nuisance relativement faible. En revanche, il y a toute une gamme de stérilités de plus en plus fréquentes, les stérilités dites inexpliquées, où toutes les investigations s'avèrent négatives: en d'autres termes on ne comprend pas pourquoi ces femmes sont stériles. Pour ma part, je pense que certaines de ces stérilités sont des maladies psychosomatiques. Mai