Comment voler sans se faire voler? La question finit par tarauder
tout passager normalement constitué. Les prix décollent ou atterrissent brutalement, soumis à des turbulences tarifaires dont les raisons échappent à l'innocent, le tout sous des pressions saisonnières qui ne sont qu'en partie explicables. A force d'entendre que «c'est le plus malin qui gagne», piqué au vif, le futur passager a passé des heures au téléphone, battu la semelle dans plusieurs agences de voyages, et quand il a cru tenir enfin la bonne affaire sur son Paris-New York, il a découvert que son voisin de siège l'a eu pour 200 F, 300 F voire 400 F de moins que lui. Rageant. La seule consolation viendra du pigeon de la rangée centrale qui a payé 500 F de plus alors qu'il avait réservé deux mois à l'avance. Tandis que le passager derrière, l'un des rares à avoir payé plein tarif, fait des pieds et des mains pour se faire surclasser gratis en classe affaires. A l'origine de ce tourbillon tarifaire, le yield management, la tarification en temps réel (ou gestion unitaire de la recette): un logiciel sophistiqué qui retrace l'histoire d'un vol sur plusieurs années et permet aux compagnies de gérér leur capacité au jour le jour, en fonction de leurs types de clientèle. Né de la dérégulation aérienne, l'outil fait fureur et bouscule les traditionnels modes de gestion. En schématisant, hier, à l'heure des cieux non encombrés, on volait par classes: première, affaires, ou éco. Chacun dans la sienne en fonction des