Boris Rybak l'avait découvert en 1989. Depuis quelques semaines, ce
professeur émérite de physiologie à la Sorbonne qui travaille depuis vingt ans sur la formation de la parole, l'a démontré anatomiquement: lorsque l'homme produit un son, une multitude de petits canaux dans lesquels l'air se faufile se forment sur la surface dorsale de la langue. A chaque son correspond une topographie différente de ces canaux. Lorsque l'on se tait, ils disparaissent. Boris Rybak qui est aussi l'un des pères de la biologie moléculaire, a baptisé ce système «code lingual» (1). De même que chaque homme a son code génétique propre, il dispose aussi d'un code lingual, à l'origine de l'unicité de sa voix.
Avant de sortir entre les lèvres, la parole naît au niveau de la glotte et des cordes vocales, subit toute une série de transformations via le larynx, le pharynx, le palais, les dents, le nez éventuellement et bien sûr la langue. Si l'on sait depuis la nuit des temps qu'un homme à la langue coupée ne peut pas parler, les phonéticiens, même contemporains, étaient loin de soupçonner l'existence du code lingual de Boris Rybak. Les quelques mouvements de torsion de la langue connus sont bien insuffisants pour expliquer l'infinie variété des sons produits par une personne et a fortiori ceux prononcés dans tous les idiomes de la planète.
A raison de journées de travail de seize heures, ce savant, pianiste et poète émérite dont on ne soupçonne pas les 72 ans, a progressé pas à pas dans sa démonstration.