Menu
Libération
Reportage

Carte postale. Chaque jour, un lieu de vacances, ses tribus, ses codes et ses rites. Aujourd'hui, les régatiers de La Trinité-sur-Mer. Vol de néophytes sur un nid de voileux. Le loup de mer se reconnaît à ses chaussures fatiguées et à sa langue alerte.

Article réservé aux abonnés
par Nicolas de La Casinière et Thierry PASQUET
publié le 7 août 1995 à 7h39

La Trinité-sur-Mer,

envoyé spécial L'été est un moment pénible pour l'authentique mordu de voile de La Trinité-sur-Mer. Le petit port morbihannais est alors envahi d'incultes. En voile, naturellement. Le club détient à l'année le record du nombre de bateaux aux départs de régates. Mecque de la voile, La Trinité est aussi le port d'attache des plus grands multicoques des coureurs professionnels. Mais juillet et août troublent le territoire de ces happy few d'une double invasion: les touristes piétinant les quais, et les marins approximatifs peu respectueux de la navigation dans les règles de l'art. De quoi gâcher la fréquentation assidue de la SNT, Société nautique de La Trinité, fruste bâtiment aux airs de paquebot d'ardoise. On boude autant les bars pourtant hantés hors saison, le bistrot le Quai et Chez Jégo, le bar tabac local où l'on soutient mordicus au néophyte que contre le mal de mer, le seul re-mède probant, dû au docteur Charcot, consiste dès les premiers troubles à s'étendre sous un pommier. Ces rendez-vous obligés sont ancrés à une demi-encablure de la boutique du photographe de mer Philip Plisson. Le personnage cultive la classe «britiche» au point d'en trafiquer son prénom et d'apposer une enseigne «Yacht Photographer» au-dessus de son officine. Ardent défenseur de l'orthodoxie du nautisme, Philip Plisson s'attriste: «Impossible de faire de belles photos dans le chenal de La Trinité. C'est affligeant de regarder naviguer la majorité des bateaux, avec des voil