Prenez une carte du monde. Cherchez, en Amérique du Sud, les hauts
plateaux de l'Argentine, tout près de la frontière bolivienne. Un petit point signale la vieille ville de Salta, lieu de départ de l'étonnant «Tren a las Nubes» (Train des nuages), une des plus remarquables oeuvres du génie ferroviaire de la planète. Sur la ligne qui rejoint la côte Pacifique du Chili, défiant le relief abrupt de la cordillère des Andes, il va enjamber ponts et viaducs vertigineux et s'engouffrer dans une vingtaine de tunnels pour se hisser finalement, sans crémaillère, après sept heures d'efforts, à 4.200 mètres, sur les contreforts andins.
Il fait encore nuit mais la ville de Salta est déjà agitée par une ballet de taxis et d'autobus qui converge vers la petite gare. A 7h06, au sifflet du départ, la locomotive et ses wagons s'ébranlent vers des territoires désertiques où se dressent les sommets volcaniques les plus élevés de la Terre.
Le soleil levant réveille bientôt la luxuriante végétation de la vallée de Lerma juqu'à Campo Quijano, avec ses maisons de brique et ses toits en tôle. De ce village baptisé le «portail des Andes», on aperçoit déjà les profils de la précordillère. Un premier pont, à vingt-trois mètres au-dessus d'une rivière à moitié asséchée, marque l'entrée dans l'extraordinaire Quebrada del Toro (vallée du taureau). Des cactus géants dessinent leurs silhouettes fantasques sur les plus beaux verts, rouges, safran, marron que les minéraux étalent sur les versants. Une palette ma