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Libération
Enquête

A Carnac, les alignements de l'arnaque.

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Malmené depuis des siècles, le site fait l'objet d'un projet d'aménagement contesté.
publié le 22 août 1995 à 7h19

Mondialement connu, le site des alignements de Carnac (Morbihan) est engrillagé depuis juin 1991, interdit au public sous prétexte de «protection des couches archéologiques». La dégradation des sols invoquée serait due à la surfréquentation sauvage du million de visiteurs par an, venus jusqu'ici brandir leur instamatic sous ces gros cailloux mystérieux. Monuments en péril, les menhirs risquent de se déchausser, prétend la direction du patrimoine au ministère de la Culture. Flairant la supercherie scientifique destinée à couvrir une lourde opération d'aménagement et d'exploitation massive du tourisme, l'association Menhirs libres dénonce la face cachée du projet, les grands plans de détournement de routes, de création de nouveaux axes, d'aires de stationnement et de boutiques d'accueil du public, passage obligé des visites. La dernière mouture de ce projet très discret coûterait 100 millions de francs.

Du haut de leurs soixante siècles, certains menhirs doivent contempler avec amusement les pancartes officielles qui justifient leur mise en cage. Ils ont déjà subi tant d'autres outrages, et n'en sont pas à leur première imposture. Les débuts de la christianisation en Bretagne ont mis à bas bien des symboles de ces obscurs cultes païens. Les ensembles de Carnac ont dû subir bien des mutilations, menées comme ailleurs par des curés zélés. A Monténeuf, toujours dans le Morbihan, les archéologues n'ont découvert qu'il y a six ans le saccage de quelque quatre cents menhirs, délibéré