La divulgation, par la revue New Scientist, des étonnantes
propriétés de deux antidépresseurs (Prozac et Anafranil) n'a pas fait que des heureux. L'orgasme du «bâilleur dépressif» (Libération du 6 septembre) est en effet une source de soucis supplémentaires pour le ministère de la Santé qui n'en manque pas. La Direction générale de la santé (DGS) et l'Agence du médicament ne cachent ni leur agacement ni leur scepticisme devant la chose. La DGS ne croit pas à la réalité des orgasmes en cas de bâillements sous Prozac, malgré une thèse et plusieurs publications scientifiques. «Impossible à vérifier», dit-on en substance au ministère. «L'Internet, c'est le Minitel. N'importe qui peut raconter n'importe quoi», ajoute-t-on à propos des témoignages sur l'Internet qui ont donné l'alerte aux scientifiques.
Autre source d'agacement, l'attitude des laboratoires Eli-Lilly, heureux propriétaires du Prozac, qui affirment ne jamais avoir eu vent des exceptionnelles propriétés orgastiques de leur produit. Difficile à croire en effet quand on connaît l'extrême habileté commerciale du laboratoire et quand on sait que les premières publications sur la question remontent à 1991. «Ce ne sont pas des enfants de choeur», commente à ce propos un haut fonctionnaire.
Mais surtout, l'Agence du médicament, qui reconnaît que la surconsommation de Prozac, ou «pilule du bonheur», était déjà un de ses gros problèmes, redoute l'effet incitatif de l'information. La révélation d'un nouvel effet secondaire autrem