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Les vieilles plantes font recette. A humer puis manger à Tours, à planter en Gironde.

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publié le 14 septembre 1995 à 8h21

Depuis que quelques cuisiniers hardis et amateurs éclairés ont

déniché le plaisir nostalgique des plantes et fruits oubliés, l'engouement pour le jardin de curé et les fragrances du passé fait florès. Quelques jardiniers émérites délaissent même leurs sécateurs afin d'assurer l'initiation des profanes. Ainsi, l'hôtelier restaurateur Jean Bardet, à Tours, ouvre au public son Parc de Belmont, où chaque année plus de 2.000 personnes peuvent se familiariser avec 1.200 plantes ornementales, 200 plantes aromatiques dont 50 variétés de menthe, 10 sortes de persil, 20 variétés de sauge que l'on peut toucher et humer à l'envi. C'est que Jean Bardet aborde la botanique en hédoniste: «En cette saison, le jardin est un véritable conservatoire et chaque légume est aussi savoureux qu'un fruit», se pourlèche-t-il en citant une recette d'une variété rarissime de poire-melon. Mais chez Bardet, cette passion pour la plante rare ne sombre jamais dans la cuistrerie actuelle pour le name-dropping horticole: «Chez nous, quand on propose une hure de saumon à l'arroche (plante à feuilles triangulaires de la famille des Chénopodiacées), on explique. De même que lorsque l'on montre aux gens à quel point un pied d'aubergine peut être décoratif, ils ont envie d'en avoir sur leur balcon. Aimer les plantes, c'est aimer la cueillette et le travail qui la précède.» Toute aussi fervente, Florence Motte, propriétaire survoltée en son château de Mongenan (à 25 km de Bordeaux), fait fructifier un demi-hectare