Les psychiatres d'enfants sont inquiets. La Ritaline, un médicament
proche des amphétamines, vient d'être autorisée en France pour le traitement d'une maladie pédiatrique rare et très particulière, désignée sous le nom de «syndrome hyperkinétique». Jusqu'à présent, ce médicament, très utilisé aux Etats-Unis pour soigner les enfants particulièrement agités, était importé en cas de besoin. Mais les psychiatres craignent que l'arrivée de la Ritaline sur le marché français n'entraîne des dérives dans la prescription. Des enfants agités mais ne répondant pas au diagnostic de syndrome hyperkinétique pourraient ainsi recevoir ce traitement, classé parmi les stupéfiants.
L'utilisation d'une amphétamine, dont on connaît les propriétés excitantes, pour traiter l'agitation est paradoxale. Le syndrome d'hyperkinésie des enfants est une maladie rare, qui se manifeste par une inattention excessive, une agitation incessante, de l'irritabilité et, parfois, des accès de violence. Moins d'un enfant sur cent cinquante en est victime. Dans l'ensemble, les garçons sont plus atteints que les filles, et les symptômes s'atténuent et disparaissent, la plupart du temps, à l'adolescence. On ignore pourquoi la Ritaline, qui est un médicament ancien, agit sur ce syndrome qui, en toute logique, devrait plutôt être aggravé par la prescription d'amphétamines. Pourtant, explique le pr Philippe Jeammet, psychiatre à l'hôpital de la Cité universitaire, lorsqu'on suit ces enfants, on s'aperçoit qu'une bonne par