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Libération
Enquête

Le cachet du journal faisant foi...Les revues de courrier, refuges pour fanas de la correspondance.

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publié le 29 septembre 1995 à 7h53

Elles adorent ça, écrire des lettres. Elles en font dix par jour.

Elles baignent dans une volupté épistolaire mi-narcissique, mi-partageuse: il y a des filles, surtout des filles, pour qui la correspondance est à ce point une passion qu'elles en feraient un métier. Histoire de faire mentir les bien peu poétiques statistiques de la Poste qui démontrent qu'on ne s'écrit plus.

Ecrivains publics? Factrices? Pas tout à fait. Comme en hommage à leur adolescence scribouillarde, quand elles narraient par le menu le dernier épisode amoureux à la confidente préférée, voici qu'elles inventent des journaux où le courrier des lecteurs est la seule et unique rubrique. Comme Au hasard du courrier. C'est un trimestriel en papier recyclé, joliment maquetté, fabriqué par Aure Atika et Charlotte Dien, Parisiennes de 25 et 28 ans. La première, comédienne de métier, avait pris en charge la page courrier de feu le quotidien le Jour. La deuxième, en deuil de la page courrier de Libération, avait retrouvé dans le Jour ce qui lui manquait: liberté, fantaisie, audace de l'expression individuelle, au vu et au su de tous. Au soir du Jour, fin 93, elles se sont rencontrées. Elles s'y sont mises, malgré le manque d'argent ­ «le journal est gratuit, on perd 8.000 F à chaque parution» ­ et de temps. Elles ont posé des boîtes aux lettres et des piles de journaux dans des librairies, des cafés, des restaurants de Béziers... ou de Mexico. En mai dernier, est sorti le quatrième numéro du Hasard, «journal inte