On le critiquait, on le disait lent, inefficace, obsolète. Six ans
après sa mise en route dans quinze départements, le programme français de dépistage du cancer du sein s'avère nettement plus satisfaisant que ne le prévoyaient les sceptiques. Mieux, ce programme est même en train de faire des émules: l'Allemagne, dont on vante habituellement la politique de santé publique, s'apprête à abandonner son système pour s'inspirer de la technique française. En outre, dix autres départements français désirent se lancer dans le dépistage de masse de ce cancer qui reste, avec 11.000 nouveaux cas par an, le plus fréquent et le plus meurtrier des cancers féminins.
Dépistage de masse, politique de santé publique. Si les Françaises ont appris à se familiariser avec ces mots, leur signification pratique n'est pas toujours évidente. Le terme de dépistage de masse concerne la population générale et n'a rien à voir avec le diagnostic individuel. Dans le cas du cancer du sein, l'objectif est de faire baisser la mortalité dans la population à un prix acceptable pour la communauté. Dans cette optique, on sait donc qu'une mammographie réalisée tous les trois ans entre 50 et 69 ans peut faire baisser la mortalité de 30% dans la population générale. Ce qui ne doit pas empêcher les femmes plus jeunes de subir, individuellement, une mammographie dès l'âge de 40 ans par exemple.
La mammographie est un examen très sensible: 5% à 6% seulement des cancers y échappent et elle permet de repérer une tumeur à