Mercredi 18 octobre, au Grand-Hôtel à Paris. La jeune fille, reins
cambrés, seins de proue, s'avance sur le podium. Comme une pie sur les objets brillants, elle fonce vers les projecteurs. Les robes aux échancrures sexy, aux longueurs mini sont estampillées haute couture: Nina Ricci, Saint-Laurent, Cardin, Lacroix... Pourtant, les mannequins ne s'appellent ni Nadja ni Linda. Mais Guyonne, Cordélia ou... Marie-Ingeborg de Nazelle, Vanessa-Irina de Sayn-Wittgenstein, une trentaine de patronymes à particules pour de jeunes tendrons que l'on imagine enfiévrées de valse dans une nouvelle de Paul Morand. Ces personnages de littérature, ce décor de film de Max Ophuls existent vraiment. C'est le quatrième Bal des débutantes organisé chaque année par le magazine Point de vue.
Dans les années 60, c'est le chroniqueur mondain danseur étoile Jacques Chazot, aidé de son ami Maurice Tarbès, qui se chargeait du Bal des débutantes. Aujourd'hui, en plus du magazine de l'actualité sociale heureuse, ce sont des maisons de couture, des marques de champagne, des parfums ainsi que Philippine de Rothschild qui se chargent de la logistique. Mais ce cocktail ne doit sa saveur «high life» qu'au carnet d'adresses inégalable de Pierre Ceyleron, sorte d'intercesseur mondain, qui monnaye des soirées dans le monde entier. Dans le Tout-Paris, son entregent et son savoir-faire sont loués par les parents qui lui laissent toute latitude pour décider qui sera le cavalier de leur fille pour le bal, après que cel