Le professeur Plummer, qui a découvert, parmi une population de
prostituées kenyanes, une soixantaine de femmes résistantes au virus du sida, explique à Libération en quoi ces observations sont capitales pour l'avenir de la recherche sur le sida. Comment en êtes-vous venu à découvrir ces prostituées protégées du virus?
Nous avons commencé , en 1985, à une époque où le problème du sida en Afrique était à peine connu, à travailler sur les maladies sexuellement transmissibles et, en particulier sur la gonococcie. Très vite, nous nous sommes aperçus que 60% de ces femmes étaient séropositives pour le HIV. Puis nous avons réalisé que, plus les femmes étaient exposées au HIV, plus elles étaient protégées contre ce virus. Autrement dit, plus ces femmes se prostituaient, dans un pays où la prévalence du virus ne cesse d'augmenter, moins elles étaient contaminées. Ces femmes, pour certaines d'entre elles, prostituées depuis quinze ans avec en moyenne cinq cents rapports sexuels non protégés dans une ville comme Nairobi (Kenya), où 15% des habitants sont séropositifs, ne sont pas infectées. D'ailleurs, nous ne disons pas protégées, mais résistantes au HIV.
A combien estimez-vous à ce jour, le nombre de femmes résistantes au HIV et existe-t-il d'autres cas semblables en Afrique ou ailleurs?
Nous avons aujourd'hui à Nairobi cinquante-neuf femmes résistantes au HIV, qui représentent 5% des femmes que nous suivons. Parmi elles, 1.500 sont infectées depuis 1985 et 400 sont mortes. Par ailleu