Peut-on aider les médecins, et à travers eux le grand public, à
mieux connaître et prendre en charge les toxicomanes? C'était, samedi dernier, le pari de la Mutualité française et de la Fondation de l'avenir qui organisaient à Paris, à l'intention des médecins, un colloque à l'intitulé volontairement simpliste, «La drogue, ça se soigne». Dans le grand amphi de la Sorbonne, 250 médecins, tous généralistes, sont venus. Leur petit nombre (10.000 invités, 250 présents, pour la plupart très familiers de la toxicomanie) témoigne assez bien du tabou qui, dans les milieux médicaux comme ailleurs, continue à planer sur la drogue et ses usagers. «Je suis médecin dans le XIIIe. Je ne reçois pas de toxicos, ça me fait peur.» «J'ai eu la chance de suivre un séminaire, ça a complètement transformé mon exercice professionnel. Maintenant, j'ai moins peur.» «Avant on en avait 10 par an, aujourd'hui on en a 300.» Ces phrases, venues de médecins très différents, montrent bien leur désarroi. Alors qu'en Europe, plus de la moitié des malades du sida sont usagers de drogues, le toxicomane effraye toujours. On connaît la peur, essentiellement sécuritaire, du public. On regrette celle de nombreux spécialistes du sida, qui ont longtemps fait l'impasse sur la toxicomanie et ses victimes. On sait moins que la plupart des médecins choisissent de se tenir à l'écart des toxicos, tant ils se sentent démunis face à eux. Aujourd'hui, chaque médecin a le droit de prescrire des traitements de substitution