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Libération

Les commandos décortiqués.

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publié le 25 novembre 1995 à 9h57

Depuis 1986, les anti-IVG sont passés cent vingt fois à l'attaque d'établissements hospitaliers. C'est la partie la plus spectaculaire d'un mouvement qui se dit «provie». Sous ce thème fédérateur et fourre-tout, les opposants à l'IVG tentent depuis plus de vingt ans d'imposer un ordre moral, une mise au pas des femmes avec toute une reconstruction du discours: les termes foetus ou embryon sont remplacés par «enfant» ou «tout-petit», la contraception devient un «gazage», le RU 486 égale le «zyklon B», l'IVG est un «holocauste». Fiammetta Venner, jeune chercheuse en sociologie, en a dressé le panorama complet. Son livre, l'Opposition à l'avortement (1), met à jour l'idéologie véhiculée; l'évolution des stratégies; le lobbying politique, auprès des parlementaires, ou économique, contre les laboratoires pharmaceutiques; les modes de financement et les diverses influences qui ont revitalisé les anti-IVG: «pro-life» américains, catholiques traditionalistes avec la machine de guerre qu'est l'Opus Dei et l'appui d'une partie du clergé, soutien inconditionnel de l'extrême droite.  Très documenté, l'ouvrage répertorie toutes les associations ­ dont certaines avancent masquées ­, donne un index des noms cités permettant de repérer la nature du réseau. Et il jette une lumière inquiétante sur l'indulgence, voire le concours, dont les anti-IVG disposent dans le monde politique et les professions de santé.

(1) L'Opposition à l'avortement, du lobby au commando, par Fiammetta Venner. Edition