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Libération

Une mode qui colle au corps et au temps. Voinnet, Lemaire et Amsler ouvrent une voie, entre grunge et haute couture.

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publié le 19 décembre 1995 à 11h09

La mode fin-de-siècle est tout entière entre les mains

d'expérimentateurs en prise avec le quotidien. Trois jeunes inspirés, Voinnet, Lemaire et Amsler, inventent les linéaments d'un style discret qui résument les tendances profondes d'aujourd'hui: culte des nouvelles matières, éloge de la sexualité à l'heure où on la livre aux belluaires gréco-romains, aspirations minimalistes contredisant le regain rococo, influence du design pour affirmer le souci de finition et la conviction que le corps doit être l'objet de toutes les stylisations.En clair, de la mode considérée comme une forme du design: «Il y a les seins, la taille, les épaules. Je pars du corps et je tiens compte de ses contraintes. Je n'aime pas les vêtements lâches. La mode est affaire de structure», insiste Richard Voinnet.

On décèle une nouvelle inventivité à la croisée des chemins. Pour Richard Voinnet, 26 ans, c'est là qu'on trouve les desseins de la nouvelle création: «Je me situe à l'entre-deux, entre deux extrêmes, entre le négligé du grunge et le côté garde-robe griffée. Ce sens de l'entre-deux, frôlant la caricature, dans le vêtement, c'est par exemple une veste en coton enduit avec effet de chintz, harmonisée avec un pantalon en plastique de table de cuisine.» Une approche subtile donc, où le goût de l'unique le cède au ludique. Sans manifeste commun et sans projet collectif, ils élaborent, chacun à leur manière, un style original où se trouve synthétisé avec une impeccable vivacité d'esprit un nouveau rega