Jean-Paul Gaultier s'est lui-même autoproclamé «enfant terrible de la mode française». De fait, il a traversé avec une créativité fulgurante la décennie 80 jusqu'à devenir le héraut de toutes les extravagances en matière de stylisme. Abonné à la déconnade télévisuelle d'Eurotrash (sur Channel 4 en Grande-Bretagne et rediffusé en ce moment sur Arte et MCM), clipé sur MTV, costumier de Madonna, des films de Peter Greenaway et du dernier Luc Besson, Gaultier, 43 ans, s'évertue à retranscrire les élucubrations des différentes tribus de la mode. Issue de l'air du temps, sa mode n'échappe pas au désenchantement ambiant. Pour maintenir le cap, il installe son bureau de prêt-à-porter masculin à New York, fait fabriquer en Italie et n'a de cesse de s'interroger sur une mode française qui se cherche...
Comment un créateur de mode comme vous réagit-il au climat social de ces derniers jours?
Bon, vous avez remarqué que si les gens de la mode n'ont pas défilé en tant que tels, c'est probablement qu'ils préfèrent faire défiler les autres le reste de l'année! C'est une boutade bien sûr... En fait, j'ai été très sensible à cette vague de mécontentement. Les gens de la mode traversent eux aussi une crise profonde.Il y a un terrible décalage entre les attentes du public et ce que propose la mode. Pour moi, c'est vraiment l'ère de l'indécision. Que veulent vraiment les gens? qu'avons-nous à leur proposer? Ce qui est certain, c'est que la médiatisation d'un nom n'est plus une garantie de réussite commerciale. La mode est devenue un spectacle et les gens ont tendance à oublier que la