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Libération

Le vandale de la mode

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Bricolo touche-à-tout, l’Américain Eric Brunetti, 26 ans, est le fondateur de Fuct. Fer de lance de sa marque, le tee-shirt «engagé» aux slogans subversifs, coqueluche des milieux skate-rock du monde entier.
publié le 27 décembre 1995 à 10h55

Quand le vêtement devient militant! L’entreprise citoyenne de la fin des années 80 a fait des petits. Ils furent d’abord écologiques, avec BodyShop, Patagonia et Esprit avant de porter des messages de santé (McDonald’s, Danone ») et d’amour (Thomson). Aujourd’hui, ils sont devenus plus «engagés» sur tous les fronts. Aux Etats-Unis, surtout, où de jeunes punks désabusés et sarcastiques tentent de faire partager leurs idées aux jeunes de 16-25 ans, via le tee-shirt. Fer de lance de ce mouvement, Eric Brunetti, 26 ans, dont les vêtements sont portés dans Kids, le film de Larry Clark, ce qui en dit long, au passage, sur l’état d’esprit des consommateurs de Fuct.

Fuct, qui emploie aujourd’hui huit personnes, est un subtil jeu de mots avec fucked pour dire «baisé» mais aussi «mal barré» ou «nase». Un nom grosse blague qui était un handicap technique au départ: «A la création de l’entreprise, je ne prononçais jamais le mot devant les banquiers: je parlais en initiales, pour ne pas passer pour un fumiste», lâche Brunetti. Le fondateur-propriétaire-designer du label Fuct est symbolique de cette génération multitalentueuse qui anime depuis cinq ans l’«entertainment» américain, et auquel le très sérieux Fortune a consacré sa couverture au printemps dernier. Symbolique aussi de cette nouvelle génération touche-à-tout. Et dans son cas, c’est peu dire. Brunetti fut successivement peintre, graphiste de pochettes de disques et de planches de skate. Rédac’chef d’un fanzine recherché et brûlé