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Libération

La psychiatrie a-t-elle oublié les malades? Le Pr Zarifian dénonce dans un rapport à paraître la suprématie des pilules et des laboratoires.

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publié le 16 janvier 1996 à 23h53

Les médicaments psychotropes seraient-ils démodés et la psychiatrie

mal adaptée à la société? En France, pays censé détenir le record mondial de consommation de tranquillisants, Edouard Zarifian, professeur de psychiatrie à Caen, dénonce depuis longtemps la médicalisation excessive de cette spécialité et l'inflation des prescriptions qui en résulte. D'autres psychiatres, moins sévères sur l'évolution de leur discipline, déplorent le flou artistique des données sur les prescriptions. Dans ce contexte, où s'opposent différentes conceptions de la psychiatrie, Edouard Zarifian s'apprête à remettre un rapport accusateur sur les psychotropes, mission dont il a été chargé par les pouvoirs publics.

La psychiatrie est-elle une discipline médicale comme une autre? Les psychiatres peuvent-ils délibérément négliger la dimension humaniste de leur profession et se contenter de traiter les symptômes de leurs malades avec des médicaments sans prendre en compte leur réalité personnelle et sociale? Ce débat recouvre deux conceptions de cette discipline: d'un côté , les psychiatres «biologiques», qui s'en tiennent à une approche purement médicale; de l'autre, des médecins qui essaient d'ouvrir leur pratique aux disciplines voisines, telles que la psychanalyse, la sociologie, la psychologie, etc.

Edouard Zarifian est devenu le porte-drapeau de cette contestation. Psychiatre de formation classique et fondateur de l'Association française de psychiatrie biologique, il a longtemps cru que la psychia