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Libération

Les règles d’or des dynasties d’argent. (Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon).

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Deux sociologues ont franchi les hauts murs des grandes fortunes. Et découvert les rites.
publié le 20 janvier 1996 à 23h41

Dans leur dernier livre Grandes Fortunes (1), les sociologues, chercheurs au CNRS, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon dressent un tableau plutôt lugubre de la réalité sociale française: ils décrivent de vastes groupes sociaux en proie à la «crise des banlieues, au délitement du lien social, à la perte de la citoyenneté, à la disparition de la civilité» ... Face à cette récession généralisée, narguant ce désastre social et humain, les grandes familles, celles de l’aristocratie fortunée et de la haute bourgeoisie, jouissent d’un mode de vie antipodique. Et les auteurs de narrer l’extravagant délire qui enfiévrait - le 29 août 1993, jour du grand prix de Deauville - l’hippodrome où les invités descendent de l’hélicoptère pour aller vers le buffet siffler, sous l’oeil ébaubi des badauds, une coupe de Champagne gracieusement offerte! «Le contraste accusé entre les deux publics ne semblent pas poser problème» insistent les auteurs «aux complets veston de bonne coupe correspondent les chemisettes à carreaux, aux silhouettes épaisses et fatiguées les maintiens sveltes et élancés(..) le monde du prêt-à-porter contre celui du sur mesure». Monique Pinçon-Charlot et son époux Michel Pinçon, sociologues connus pour des travaux précédents sur les Quartiers bourgeois, quartiers d’affaires ainsi que d’une étude où ils dévoilaient «la chasse à courre, ses rites et ses enjeux» ont plongé une nouvelle fois dans les arcanes de la classe d’argent; ils le décrivent comme un monde clos, soc