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Libération

John Galliano enivre la maison Givenchy. Le créateur anglais a présenté hier sa première collection de haute couture.

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publié le 22 janvier 1996 à 23h40

Si l'on estime que le premier défilé de l'Anglais John Galliano pour

Givenchy était un examen de passage, celui-ci fut réussi. Il suffisait d'assister hier à la mise en scène enivrante et hautement spiritueuse ­à base de saynètes baroques toutes en vert, orange, rose chaton d'Orient et parme comme des cocktails chamarrés­ pour s'en convaincre. C'est plus une révolution qu'une révélation, une sensation tellurique, un peu comme un concert des Sex Pistols sur la pelouse de Buckingham Palace...

Galliano a triomphalement ressuscité la maison Givenchy (rachetée par LVMH en 1988), quelque peu assoupie sur une gloire qui remonte aux années 50. C'est avec la passion d'un insatiable amateur d'images que le fils de plombier de Streatham a plongé dans la mémoire du grand Monsieur Hubert, aujourd'hui en retraite. Clin d'oeil obligé donc en direction d'Audrey Hepburn ­l'amie et sym-bole Givenchy par excellence­ dans Breakfast à Tiffanys, jusqu'aux mannequins qui restituent le temps d'un flash les poses écarquillées d'Avedon... Avec l'indispensable touche Galliano ­baroque jusqu'au pittoresque­ qui trouve enfin un terreau fertile pour réaliser son rêve: faire de la mode une iconographie un peu ivre. Ce goût de l'excès, caractéristique du jeune Anglais, donne une vision exubérante des volants sur les robes à danser, transforme les cols entonnoirs en vêtements élisabéthains. Ce n'est pas que Galliano se soit contenté de grossir les lignes anciennes, ils les resserre et les triture dans un desi