Menu
Libération

Le prêt-à-porter au chevet de la haute. Avec 200 clientes, la haute couture ne peut plus survivre sans s'élargir.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 janvier 1996 à 23h34

A en croire la presse anglo-saxonne, la haute couture est moribonde

(Newsweek titre cette semaine «Au revoir couture», en français) et ne doit son salut qu'à quelques créateurs étrangers bienveillants. En France, des professionnels se joignent au requiem. «C'est une activité obsolète qui ne franchira pas le siècle», proclame Pierre Bergé, PDG de Saint laurent. Richard Avedon, héraut légendaire du new-look 1950 sur photographies en camaïeus de gris, a publié, dans le New Yorker de novembre 1995, une série de clichés couleurs à portée nécrologique (Libération des 11 et 12 novembre 1995). De fait, le bulletin de santé de la haute couture n'est guère reluisant. A preuve, le calendrier officiel, resserré du 20 au 25 janvier, apparaît plus étique que jamais: en deux ans, la liste a perdu cinq maisons. La vingtaine de couturiers réunis in extremis ne fait que sauver les apparences. Et il a fallu toute la force de conviction de la chambre syndicale de la couture, dont Jacques Mouclier tient les commandes depuis trente ans, pour convaincre Lapidus et Guy Laroche de se maintenir, au moins cette saison. «En période de crise, c'est encore un miracle que mille journalistes viennent à Paris écrire deux mille pages et enregistrer 160 émissions», admet le président de la chambre syndicale. En inscrivant des «correspondants étrangers» ­ comme le Russe Yudashkin, le Belge Watelet ou le célébrissime italien Gianni Versace ­ la chambre syndicale déroge à un règlement très strict: deux défilés