Un appartement vide. Et des murs encombrés d'une quincaillerie
mystico-religieuse. Sur des pans entiers, chapelets et breloques aux vertus improbables s'étalent à n'en plus finir. Ces reliques sont tout ce que Kitan, 23 ans, a rapporté de Chaldée, enclave chrétienne nichée au sud-est de la Turquie. Assise à même le sol, la jeune femme, mère de deux enfants, attend la visite d'une puéricultrice du centre de Protection maternelle infantile (PMI) de Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise. Comment Kitan s'est-elle retrouvée, il y a trois ans, dans cette HLM de la banlieue nord? Elle n'en sait rien. Avec son époux, employé dans un atelier de confection, elle a fui sa terre si vite qu'elle «a tout oublié». Oublié aussi que c'est l'agressivité chronique de Marie, sa fillette de 6 ans, qui justifie aujourd'hui le déplacement d'une puéricultrice. L'esprit de Kitan est ailleurs. Mais la jeune mère, qui vit tous volets fermés, est confiante. A domicile ou en cabinet, la PMI offre à ses enfants soins courants, vaccinations, suivi psychologique et prévient, à force de conseils, d'éventuelles pathologies.
Quand il ordonne la création des PMI, en 1945, de Gaulle veut enrayer un taux de mortalité infantile atteignant 25% dans certaines régions. Un demi-siècle plus tard, les PMI, gérées par les conseils généraux ou les communes, s'affichent dans les quartiers défavorisés. Et visent à garantir l'égalité des enfants de 0 à 6 ans face au système de santé. «La paupérisation nous légitime: quand les